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A l'Ouest des Rails - Partie 1: Rouille 1

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 4.5/5

vos avis

6 critiques: 3.71/5

visiteurnote
Mounir 5
koalaurent 1.25
chronofixer 3.75
Bastian Meiresonne 3.75
Bama Dillert 4
abuzeur 4.5


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Un doc social, une réalité très sombre... mais ennuyeux !

La réalité d'un éfondrement industriel basé sur l'ancien communisme maoïste. Alors oui c'est suffocant, ça fait prendre conscience d'une autre Chine bien trop peu souvent montrée aux occidentaux et aux chinois eux-mêmes, mais bon 15min auraient suffit... et là Wang Bing nous pond sa vidéo de 9h coupée en 4 parties de plus de 2h ! Pas de montage, c'est la TV réalité d'accord, mais pour moi c'est beaucoup trop long et donc sans intérêt le reste du temps. Et puis n'oublions pas de rappeler qu'il s'agit d'un pur doc, et non pas d'un film classique (je dis ça pour ceux qui s'attendaient comme moi à du cinéma avec "Rails").

21 avril 2005
par koalaurent


très bonne entrée en matière

ce premier volet est très intéressant, bien sûr il faut s'attendre à quelque chose qui prend son temps, ça n'a rien à voir avec un docu tv de 52 minutes, ici on est plus dans une sorte de "strip tease", sans commentaire, mais sur une durée plus longue qui permet de s'immerger dans l'univers quotidien de ces sans grades de la mutation économique chinoise. ce premier volet je le qualifierait d' "ambiant" par certains aspects hypnotiques et s'il fallait en retenir qu'un, ça serait celui ci et sa suite rouille2., quasiment indissociable. la suite commence à poser problème car beaucoup trop longue, moins concise dans le propos, on sent WANG bing en roue libre, un peu comme ces chomeurs obligés de quitter leur bidonville. tout n'est pas à jeter, même ce qui n'a pas de rapport direct avec le complexe industriel, on y voit le quotidien des habitants, jeunes ou moins jeunes, qui n'intéressera surement pas tout le monde mais qui parlera à ceux ayant vu ce genre de quartiers. néanmoins cela méritait beaucoup plus de coupes au montage, pour ainsi éviter des divagations ou il est dur de rester éveiller. pour ces deux dernières partie la durée aurait pu etre divisée par deux à mon avis. cette initiative est quand meme à féliciter, WANG bing nous offre un docu inédit, imparfait mais indispensable. (interdit en Chine mais disponible quand meme dans les magasins de dvd pirates). partie1: 4 partie 2: 4 partie 3: 2,25 partie 4: 2,25

14 octobre 2005
par chronofixer


Partir un jour...

Ouverture de l'ambitieux documentaire fleuve de Bang Ling sur la disparition de tout un pan de l'ère industrielle chinoise. Long, très long, il faut endurer la mise en jambes du laborieux trajet du train en guise d'ouverture, voyage initiatique qui traversera les quatre parties et trouvera son aboutissement (laborieux) dans la troisième (ou plutôt quatrième) partie "Rails". Il faut s'acclimater à cette inexorable lenteur des premiers montages enregistrées et montées à la serpe. Des plans, qui enregistrent le quotidien, une tranche de vie toute simple. Puis arrivent les premiers moments passés entre les ouvriers - et au documentaire de déployer sa véritable force hypnotique et d'exercer son entière fascination. Car les longs intermèdes du train sont définitivement de trop; une fois le trajet de l'étendue du terrain parcouru, il n'aurait pas fallu caler les images répétées tout au long des parties; de même que pour les tâches fastidieuses des métiers en train de disparaître. Sûrement un fascinant témoignage dans un proche futur quant à des métiers condamnés à disparaître très prochainement, ces images auront l valeur des films du japonais OGAWA - ayant la me^me tendance à faire durer ses plans pour filmer au plus précis le quotidien et la durée des choses; en même temps, BING Wang ne peut se résoudre à arrêter la caméra; à faire le choix dans ses heures de pellicule tournées et de montrer des mêmes plans sur les mêmes actions répétées à plusieurs reprises tout au long du documentaire. La véritable force constitue donc en ses simples paroles échangées entre ouvriers. Instants volés, parfois ils se confient à la caméra et révèlent ce qui est pour eux un dur quotidien, mais qui semble pour nous au-delà de toute compréhension : comme le fait de respirer un air pollué en particules de cuivre toxiques, 100 fois plus élevé que la moyenne nationale; et de devoir passer 2 mois par an à l'hôpital pour récupérer. D'attendre à ce qu'on veuille bien leur verser un salaire dû depuis des mois. De soulever des sacs de 90 kg. La tension est palpable, comme dans cette scène, où un ouvrier ivre s'attaque à un collègue; parfois aussi attendrissant, comme lors du karaoké entamé au Nouvel An. Les quatre parties du documentaire présentent de petites histoires de quelques étrangers, qui représentent à eux seuls tout un pan de l'actuelle population chinoise. Et de mettre à nu des âmes humaines, comme "Striptease" ne saurait jamais le faire. En cela, le (bien trop) lent documentaire de BING Wang est passionnant; il aurait juste suffi de raccourcir les trop longues parties pour en faire un chef-d'oeuvre du documentaire historique.

17 février 2006
par Bastian Meiresonne


Des ruines et des hommes.

Critique portant sur les 4 parties. Ce film documentaire accompagne en trois grandes parties (9h au total!) la faillite et la décomposition croissante du gigantesque complexe industriel de Tie Xi, dans la ville de Shenyang au nord-est de la Chine. La première partie, ROUILLE, s'attache au complexe industriel lui-même, à ses usines (de plomb, de zinc, de câbles) et à ses ouvriers. La seconde, VESTIGES, suit l'abandon progressif d'un quartier environnant voué à la démolition que les habitants acceptent mal de quitter, pour être relogés tant bien que mal dans des appartements neufs. La dernière partie, RAILS, suit les traces de la ligne de chemin de fer du complexe, au quotidien de ses cheminots et de son petit univers interlope fait de magouilles diverses et marqué par une étrange obsession du charbon... On tient là un film unique, forcément unique. De par son ampleur, son propos et ses choix. On a affaire à un film géomancique, décrivant en temps réel cet énorme complexe rampant doucement vers la ruine comme un organisme vivant, certes en décomposition, mais bien vivant. Les trois parties se succèdent dans une structure sérielle dont chacune hérite du même mode: filmer d'abord la vie quotidienne des dernières cellules vivantes s'accrochant à leur univers, puis l'annonce de la destruction programmée de cet univers, et enfin les conséquences de cette fin sur les hommes... Les trois parties sont cependant loin d'être indépendantes (contrairement à ce qu'affirme le commentaire au dos du coffret dvd), puisqu'un principe de vases communicants régit leur ordonnancement : c'est bien la mort des usines qui annonce celle du quartier dans lequel vivent les ouvriers des dites usines, ou ceux qui gravitent autour du complexe et vivaient grâce à lui, et c'est bien la même mort du complexe qui explique la troublante nonchalance des cheminots de la partie RAILS, et de son réseau en désuétude tournant presque à vide pour relier des corps désintégrés (Les cheminots, espèce qui semble à part dans ce monde en miniature qu'ils observent de l'oeil perçant des vieux matous -ceux à qui on ne la fait pas-, les nomment par leurs numéros: usine 14, usine 36 ou la généreuse usine 68 et ses "gisements" de charbon) d'où ne suinte plus -lorsqu'il n'est pas déjà complètement tari - qu'un mince filet de matériaux à transporter. De cet organisme, donc, on nous montre la coquille en déréliction et les dérisoires globules sanguins qui s'agitent encore dans ses vaisseaux et continuent d'accomplir leur tâche ou ce qu'il en reste (ils se plaignent la plupart du temps de ne plus avoir assez de travail et de devoir passer le gros de leur journée à ne rien faire sinon satisfaire au démon du jeu, omniprésent via les cartes et le Mahjong), mais étrangement, le cerveau est absent. On ne saura jamais ce qu'ont dans la tête les dirigeants de ces usines, les membres du parti hauts placés qui régissent ce secteur de l'industrie publique (car toute cette masse relève bien de l'administration publique, ce qui rend d'autant plus hallucinant le spectacle de cette désolation progressive et du dénuement total dans lequel vivent ceux qui la servent!), voire les promoteurs qui organisent le reclassement du quartier dans la seconde partie. Et c'est dans ce parti-pris que résident toute la force et les limites du film. Wang Bing choisit de poser la caméra (le terme est mauvais, car on a rarement vu une caméra aussi peu statique, suivant les hommes partout, s'infiltrant dans les plus improbables recoins pour toujours réfléchir au plus juste ce qui reste de ce bourdonnant essaim humain) dans un espace géo-temporel défini (Tie Xi de 1999 à 2001): les hommes et le récit entrent dans cet espace, puis en ressortent, et on n'en verra rien d'autre. On ne sait pas ce que deviennent les ouvriers des usines qui ferment les unes après les autres, on ne sait pas ce que les familles recasées pensent de leurs nouveaux appartements, qu'on ne verra d'ailleurs pas, on n'entendra jamais l'avis des décideurs et des éminences grises "d'en haut", aucune précision didactique ne viendra nous aider à comprendre ce qui se déroule -d'une manière pourtant pleine et précise- sous nos yeux. Pas de voix off didactique et/ou moralisatrice, pas de musique, pas de chantage émotionnel (au contraire, la seule scène qui aurait pu prêter à de telles effusions, celle des retrouvailles entre un père sortant de prison et son fils en larmes est complètement désamorcée, retournée au moment où le fils, complètement saoul, cherche à battre le père juste après s'être effondré à ses genoux), pas de recul, peu d'explications (à part celles que ne se privent pas d'assener "ceux d'en bas", ouvriers, délogés, cheminots et marginaux qui eux sont bien dans le cadre du film, et nous donnent juste assez d'indices pour imaginer le reste: les actions ou les appartements qu'on les pousse à acheter, la corruption rampante, le mépris total dans lequel les tiennent les "élites", et finalement l'énorme et sourd tournant du pays vers le libéralisme, qui laisse au bord de la route, hébétés et comme saoulés de coups, tous ceux qui déjà bien en peine d'assimiler les anciennes règles, celles du maoïsme et de la révolution culturelle- qu'ils ressassent souvent- sont incapables d'en assimiler les nouvelles). D'en "haut", on ne verra donc que les ombres menaçantes des nouveaux immeubles tout au bord du cadre qui filme le quartier dévasté, la porte d'un commissariat qui se referme après une brève discussion pratique avec un maton, ou un contremaître indolent qui somnole, aligne quelques mots avant de retourner dans son mutisme...Pour le reste, il faudra se fier à la sourde rumeur colportée par le "petit peuple" du film... En échange, on gagne une proximité et une force peu communes avec cet univers de ruines, à travers aussi le temps pris à montrer les hommes : tout ce qu'on voit, et on voit beaucoup, et longtemps, est vérité d'un monde à des années lumières de l'imagerie qu'on nous vend depuis quelques années d'une Chine Nouvelle bardée de progrès et de technologies sous cette -autre- "bannière étoilée" affublée du slogan surréaliste "un pays deux systèmes". Le fossé est abherrant entre ce monde urbain policé qu'on ne verra jamais ici et cet univers moyen-âgeux, à cheval entre les époques, dont on se demande bien si ses habitants arriveront à sortir un jour, et vers quoi? Finalement, qu'a-t-on de plus que ces hommes perpétuellement au bord de la faillite physique, mais qui n'abandonnent jamais, qui ne se départissent jamais de ce sourire si difficile à comprendre pour le spectateur occidental habitué aux élans hypocrites d'une commisération misérabiliste? l'humour, le rire, même dans la mort, quand ces ouvriers ramènent sur un brancard le cadavre d'un collègue noyé au petit matin dans l'étang de l'hôpital ou il était parti pêcher... On se dit alors qu'on a encore bien du chemin à faire pour comprendre cet autre monde... Finalement, devant ce film fleuve qui d'ailleurs s'écoule comme un fleuve, dans un rythme fait d'évolutions lentes et de brusques soubresauts, de petits évènements qui mis bout à bout font l'histoire, très loin d'une logique cinématographique et scénaristique avec son introduction, son climax et sa chute, on se sent respirer, au même rythme que lui. Et ce rythme n'est pas lent, c'est bien le rythme humain, celui des pas de l'homme, et il fallait 9 heures pour le retranscrire convenablement. 9 heures qui voient passer devant la caméra un nombre incalculable de "personnages", qui tous ont le temps d'y exister, de s'exprimer, et dont les dénominateurs communs sont ceux d'hommes bien vivants: fumer, boire, jouer , cracher, bâfrer, jurer, marchander, flirter, hurler...vivre donc, et si possible bruyamment et bordeliquement, car après tout, nous sommes en Chine. Mais nous sommes surtout dans une échelle qui dépasse de très loin celle de la fresque historique à grand spectacle: on n'a jamais affaire ici à des figurants mais toujours à des êtres bien réels, et dans un cadre qu'on ne pourrait soupconner à aucun moment d'avoir été romancé, retouché. Effectivement, on ne s'ennuie jamais devant cette oeuvre interminable qui paradoxalement va toujours à l'essentiel, et on réalise à nouveau que les plus grands récits sont finalement toujours les plus simples: ceux qui s'attachent à l'homme, et non aux héros désincarnés qu'on nous vend à tour de bras par pleins lots promotionnels (puisqu'en la matière il semble qu'on soit entrés dans une époque de soldes perpétuelles). Les évènements prennent alors une autre dimension, et certaines scènes se révèlent d'une force d'évocation infiniment supérieure à tout ce que la science-fiction aura jamais à proposer : voir ces bureaux d'usine littéralement pris dans les glaces, les ouvriers l'attaquer au marteau piqueur au printemps pour pouvoir retourner travailler (on les avait tous congédié pour l'hiver: plus d'argent pour payer le chauffage de l'usine); voir ces employés licenciés attendre leur solde avec des vieillards venus chercher -comme chaque mois- leur retraite en liquide, alors que quelques mètres à coté la démolition de l'usine a commencé le jour même. Voir ce vieillard prendre sur son dos son fils bourré jusqu'à la gueule pour le ramener chez eux... Voir ces ouvriers rondouillards en cure forcée à l'hôpital (intoxication au plomb) s'ennuyer ferme devant la projection d'un film porno, et le lendemain ramener rigolards de l'étang voisin le cadavre d'un collègue, pêcheur d'un jour trop téméraire... Et, le reste du temps, voir tout ce joli monde s'agiter dans les ruines de ce qui jusqu'alors délimitait les contours désormais bien flous de leurs vies... Par son choix d'effectuer une radiographie d'un espace humain dans un cadre géo-temporel strict, sans rien en retrancher mais surtout sans rien y ajouter, le film ainsi perd le pari de l'investigation, de la dénonciation ou de l'engagement politique. Mais ce pari, peut-être ne l'avait-il pas tenté, lui préférant celui, infiniment plus risqué, de réfléchir de manière pure une fraction d'humanité, à un moment donné, dans un lieu donné. Et c'est ce fragment pur qui restera, dans l'esprit du spectateur, comme un grand moment de cinéma.

31 janvier 2005
par abuzeur


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